Le billet du mois
Octobre 2008
De Dominique à Carlos
par Jacques Sylvestre, o.p.
« Réjouis-toi, comblée de grâce, le Seigneur est avec toi. » Luc 1,28
Dans « L’Espace Saint-Jude », l’église conventuelle Saint Albert le Grand offre à la dévotion des passants le groupe du Rosaire : Dominique et Catherine de Sienne recevant le Rosaire de la Vierge Marie.
Un matin de septembre, agenouillé au pied du Groupe, un frère dominicain semble ne plus faire qu’un avec ces saints personnages : la Maître de l’Ordre, supérieur général des Dominicains. En visite dans la Province canadienne, Carlos Aspiroz Costa, homme d’une grande simplicité, plus imposant par sa taille que par son titre, l’un des nôtres, égraine pieusement le Rosaire qu’il porte à la ceinture comme tout dominicain fidèle à la tradition.
Après ses prédécesseurs, Damian Byrne, irlandais et l’anglais Timothy Radcliffe, c’est a lui, Carlos Costa, argentin, que les Dominicains ont bien voulu par élection, au chapitre général de Providence, E.U., confié, en 2001, l’avenir de l’Ordre et la vie des frères et des moniales : 7 à 8000 frères mondialement répartis en plus d’une cinquantaine de provinces, qu’il doit visiter en ses 9 ans de généralat. Et ce matin, en ce lieu de prière, on ne peut qu’être troublé par ce lien visible de descendance historique, spirituelle et mariale entre Dominique, le fondateur de l’Ordre et le Maître actuel, Carlos, son 86e successeur.
Maintenant sis à Outremont, bien que réduit à cet espace exigu, le sanctuaire Saint-Jude n’entend pas dissocier le Rosaire et le patron des causes désespérées. Chaque « Jeudi de Saint-Jude», à 14 heures, précédant l’Eucharistie et la prédication, un homme, une femme préside la méditation du Rosaire.
Outre la dévotion à Saint-Jude, il fait bon de retrouver comme « sur la place publique », en un lieu tellement différent du Plateau Mont-Royal, une ferveur mariale qui, devenue avec le temps dévotion privée, a toujours marqué la vie de l’Ordre des Frères Prêcheurs. Des personnages inoubliables relient comme la chaîne du Rosaire les pages de cette longue histoire: Dominique, Alain de La Roche, saint Pie V et tant de pasteurs de l’Église qui à l’occasion du mois d’octobre se sont fait un devoir de partager avec le monde les bienfaits spirituels du Rosaire et souvent leur propre dévotion. Jean XXIII ne passait jamais un jour sans réciter son Rosaire.
Octobre, c’est bien le lieu et le temps de nous demander quelle place un simple chapelet, quelques Ave occupent encore dans notre vie spirituelle et notre éducation de la foi ? Le Rosaire, par ses mystères et la méditation : la Bible des gens simples et dévots de la Vierge.